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L'embouchure de la rivière Métabetchouane constitue un site historique et archéologique d'intérêt national. L’inauguration à Desbiens du Centre d’Histoire et d’Archéologie de la Métabetchouane (CHAM), en 1995, accomplit le vœu de monseigneur Victor Tremblay (1892-1979), fondateur de la Société historique du Saguenay, de faire du site de la Métabetchouane à la fois un haut lieu d’interprétation et un attrait touristique majeur. Sur le site de la Métabetchouane, la présence humaine se manifeste depuis plusieurs millénaires. De la Baie d'Hudson au Fleuve Saint-Laurent et des Grands Lacs à la Côte-Nord, les Amérindiens s'y rencontrent et échangent des biens de toute provenance.
L'hydrographie du territoire trace en effet des voies de communication naturelles, reliées à un réseau encore plus vaste qu'emprunteront à leur tour les explorateurs, missionnaires et commerçants venus d'Europe. C'est sur le site de la Métabetchouane, en juillet 1647, qu'un Français originaire d'Amiens (France) foule le sol du Lac-Saint-Jean pour la première fois. Le jésuite Jean de Quen, alors responsable de la mission de Tadoussac, y est venu à trois reprises pour évangéliser les Amérindiens. S’en suivront de deux missions en 1665 et, en 1676, l’année de la création du poste de traite pour soutenir le commerce français des fourrures face à la concurrence anglaise de la baie d'Hudson.
Le Centre d’Histoire et d’Archéologie de la Métabetchouane compte sur son site extérieur le monument historique de la Poudrière du Régime Français, une reconstitution historique d’une Chapelle anglicane, un monument commémoratif du premier Européen de la région, le Jésuite Jean de Quen et un four à bois (style dos de castor) comme celui qu'on retrouvait sur le site au début de la mission en 1676. Le Centre offre une exposition permanente Le choc des Cultures, visant à faire découvrir à travers les époques et les objets, l’histoire du site de la Métabetchouane et des acteurs qui l’ont forgé. La visite de l'exposition est une expérience unique où l'on invite les visiteurs à revivre l'époque du premier poste de traite de la Métabetchouane en 1676. Une époque où tout est à découvrir, explorer et bâtir. Une rencontre unique avec l'histoire, l'archéologie et la naissance d'un pays.
6000 ans d’occupation humaine
Le site archéologique de la Métabetchouane est l'emplacement d'un établissement préhistorique amérindien et d'un poste de traite en fonction durant les Régimes français et anglais. Le site se compose d'un vaste terrain dégagé et au relief plat d'une superficie d'environ 2 000 mètres carrés. Il présente les vestiges d'une cheminée en pierre et les traces carbonisées d'un mur en bois et torchis. Le site archéologique se situe sur la rive ouest de la rivière Métabetchouane, sur une pointe de terre s'avançant dans le lac Saint-Jean, et fait partie de la municipalité de Chambord.
Le site archéologique de la Métabetchouane présente un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. Le site est un important lieu de passage, de rencontres et d'établissements amérindiens et euroquébécois. Les artéfacts les plus anciens témoignent d’une occupation humaine depuis 6000 ans. Ce lieu sert principalement de campement saisonnier pour les groupes amérindiens nomades de la région. De nombreux objets et vestiges découverts lors des fouilles archéologiques sont associés à ces occupations domestiques et permettent d'en documenter les modes de vie selon les époques. Une des occupations particulièrement intéressantes correspond aux quelque 250 ans englobant la fin de la préhistoire et le début de la période de contact, époque charnière où les modes de vie traditionnels sont confrontés aux apports extérieurs européens. Alors que les écrits des premiers explorateurs laissent penser que le site a jadis été le théâtre de rassemblements entre groupes autochtones pratiquant le commerce, la faible proportion d'objets exotiques accumulés durant ces deux millénaires sur le site laisse plutôt penser que ces interactions se sont plus effectuées à une échelle régionale. Depuis 1988, ce bien est classé site patrimonial par le Mnistère de la Culture et des communications du Québec.
Sources : Répertoire du Patrimoine culturel du Québec, Patrimoine Canada - Lieu patrimoniaux
1602-1659
Jean de Quen est baptisé à Amiens le 11 février 1602. Le 13 septembre 1620, il fait son entrée chez les Jésuites et, après des études en philosophie et en théologie, il donne des cours au collège d’Eu avant d’émigrer au Canada le 17 août 1635. Dès son arrivée, il enseigne au collège de Québec et est envoyé à Sillery en 1637 afin de convertir, instruire et sédentariser les Autochtones. En 1639, il réside à Trois-Rivières et revient à Sillery exercer son ministère auprès des Ilnus et il apprend leur langue. Au printemps de 1642, il est chargé de la mission de Tadoussac érigée en 1641 par le père Paul Le Jeune.
À chaque printemps et durant tout l’été jusqu’en 1653, de Quen se consacre à cette mission qui est depuis 1600 le premier comptoir des fourrures fondé en Nouvelle-France.
En 1646, il fait construire la première église de pierre du Canada et, alors qu’une épidémie continue de sévir chez les Ilnus, il est demandé pour secourir les Kakouchacks en 1647. Pour la première fois dans l’histoire des Ilnus et du Saguenay, un Européen allait s’aventurer jusqu’à la hauteur du lac Saint-Jean après une expédition de cinq jours conduite par deux guides ilnus, pour qui ces terres étaient aussi inconnues.
En 1651, de Quen s’y rend à nouveau avant de fonder la mission de Métabetchouan en 1652. Le toponyme « lac Saint-Jean » dédié à son saint patron apparaît alors dans sa Relation à la place du Piékouagami, « lac plat », des Kakouchacks. Parallèlement à la mission de Tadoussac, de Quen s’acquitte de celles de Betsiamites sur la Côte-Nord, de Sillery, de Beaupré et de l’Ile d’Orléans. En 1656, le poste de supérieur des missions de la Nouvelle-France lui est confié.
Le 8 septembre 1659, de Quen se retire et, le 1er octobre suivant, il décède de fièvres contagieuses. Découverts sous la chapelle du collège des Jésuites démolie en 1878, ses restes furent enterrés avec les corps de ses confrères dans une église attenante au collège.
En 1992, à l’occasion de fouilles archéologiques devant l’Hôtel de ville de Québec sur l’emplacement même de l’ancien collège, le squelette du père Jean de Quen est identifié, en toute vraisemblance, par le paléoanthropologue Robert Larocque.
Source : Gaston Gagnon, Jean de Quen – désignation d’un personnage historique décédé, 2021
1676
Le poste de la Métabetchouane appartenait à la Traite de Tadoussac, établie par le gouverneur Jean de Lauson (vers 1584-1666) en 1652. Également nommée Ferme du roi, elle peut être définie comme le privilège exclusif de chasse, de pêche et de commerce sur un certain territoire. Ces terres faisaient partie du Domaine du roi, c'est-à-dire qu'elles n'étaient pas concédées pour la colonisation et que les profits tirés de leur exploitation revenaient en principe au roi. La concession de la Traite de Tadoussac était adjugée par enchères à un particulier ou à une compagnie qui en avait la jouissance pour un temps donné. Le poste de la Métabetchouane, qui comportait aussi une mission jésuite, a été implanté en même temps que celui de Chicoutimi, en 1676.
Sources : Répertoire du Patrimoine culturel du Québec, Patrimoine Canada - Lieu patrimoniaux
1760
Le Poste de Traite de la Métabetchouane est abandonné en 1697 au profit de celui de Chicoutimi, il est remis en activité après la Conquête. La Poudrière (encore présente sur le site de la Métabetchouane) aurait été érigée entre 1760 et 1778. La Traite de Tadoussac passe aux mains de la Compagnie du Nord-Ouest en 1802, puis de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1821. Le poste est finalement abandonné en 1880 au profit d'un établissement situé aujourd'hui sur le territoire de la réserve amérindienne de Mashteuiatsh, longtemps appelée Pointe-Bleue.
Sources : Répertoire du Patrimoine culturel du Québec, Patrimoine Canada - Lieu patrimoniaux
1892-1979
Victor Tremblay est né le 23 mars 1892 à Saint-Jérôme (Métabetchouan-Lac-à-la-Croix).
Il fait ses études à l'école normale Laval, à Québec, de 1909 à 1911 et en sciences et en philosophie de 1913 à 1915 au Petit séminaire de Chicoutimi. Admis au Grand Séminaire de Chicoutimi en 1915, il y poursuit sa formation en théologie jusqu'en 1919. Il est ordonné prêtre le 6 juillet 1919.
Après avoir été maître d'école à Saint-Coeur-de-Marie (Alma) de 1911 à 1912 et à Hébertville de 1912 et 1913, Victor Tremblay enseigne pendant 35 années l'histoire, le français, la religion et l'anglais au Petit Séminaire de Chicoutimi. Son intérêt pour l'histoire de la région le conduit à fonder en 1934 la Société historique du Saguenay, avec le chanoine Joseph-Edmond Duchesne. Il créé le drapeau du Saguenay en 1938, à l'occasion du 100e anniversaire de l'arrivée des premiers colons dans la région. Il s'implique par la suite dans la promotion de ce drapeau, notamment au cours des années 1950, et l'associe à la fête du Saguenay célébrée le 11 juin. En 1959, il crée la revue Saguenayensia. Tout au long de sa vie, il participe à de nombreux projets touchant la mise en valeur de l'histoire du Saguenay.
Il a publié plusieurs ouvrages et articles portant sur l'histoire, la toponymie, les moeurs et les coutumes du Saguenay, dont Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu'à 1870 (1938 et 1968).
En 1974, il publie Le Poste de Traite de Métabetchouan, qui posera les bases nécessaires à la création du Centre d’Interprétation de la Métabetchouan (CIM), inaugurée en 1985.
Il est décédé le 17 juin 1979 à Chicoutimi (Saguenay).
Source : Patrimoine-culturel Victor Tremblay
1995
Suite à l’incendie du CIM, le CHAM, situé à Desbiens, près de l’embouchure de la rivière Métabetchouane, sur sa rive gauche, constitue un site historique d’intérêt national.
Ancien lieu de rencontre sur la route des fourrures, le Centre d’histoire et d’archéologie de la Métabetchouane, depuis plus de 30 ans, accomplit le vœu de Mgr Victor Tremblay (1892-1979), fondateur de la Société historique du Saguenay, de faire du site de la Métabetchouane à la fois un haut lieu d’interprétation et un attrait touristique majeur.
Source : Grand-Québec, 2015